Zone inondable

Photographies 2013-2017

À propos de la série photographique « Zone inondable » du photographe Jean-Pierre Dubois, le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle nous rappelle que « dans le cadre de la peinture classique, le “peignable” était cantonné au domaine du montrable (physiquement et moralement). [Mais qu’] une fois passée la période pictorialiste, la photographie s’est rapidement élargie à tout le spectre du visible, c’est-à-dire au nommable et parfois même à ce qui l’excède. Quoi qu’il en soit, pour les photographes - mais qu’est-ce qu’un photographe ? - le “motif” est souvent là, comme à disposition. Ainsi, pour qui sait voir (et attendre), l’impondérable peut-il se manifester à peu près n’importe où dans un plan, notamment lorsque ce dernier est frappé d’insignifiance aux yeux du profane ».

C’est de cela que nous parle le photographe. Il écrit : « La zone inondable est un monde transitoire, un “no man’s land”, un entre deux : le monde organisé, civilisé, façonné, l’habité, contre la nature “sauvage“. Aucun des deux n’est indemne des contaminations de l’autre […] Ici pas de sacré, pas d’enchantement, pas de magie dans cet endroit souillé, impropre, malpropre […] La zone inondable, innommable, nomade, c’est quelques jardins, landes, prairies, hangars, maraîchages dans un creux dangereux, glissant, mal coiffé… à engloutir ».

Photographe, typographe, graphiste,  illustrateur et scénographe pour la galerie la prairie nature - Zone Sensible à Fondettes, Jean-Pierre Dubois nous confie : « Tout vaut d’être regardé et tout nous regarde. Je prends le temps de m’attarder sur le terrain et je tente de mettre tout ça dans un cadre, de rendre esthétique le quelconque. Face à notre environnement ordinaire souvent insignifiant, chaotique (une manière de non-paysage), mettre en place la géométrie d’une construction graphique rigoureuse (ou vaporeuse) m’apaise.»